Le retour des Justes Textes

Chantage littéraire

Chroniques de Sret, ambassadeur de Porte Pène

 

Mon maître, le Potentat, est un homme dur mais juste. Il ne supporte pas la moindre raillerie mais il sait maintenir l’ordre nécessaire dans cette partie méridionale du Gemland. Notre cité portuaire, Porte Pène est en effet au carrefour du commerce entre les îles du Pantoum et Amandjara, perle du désert bleu. Le Potentat étend son autorité sur les bourgades du littoral et les îles voisines et voit toujours d’un œil favorable les possibilités d’extension de son influence. Aussi, lorsque arriva un navire étranger se réclamant de Mérlagis, cité oubliée de la mer des brumes, mon maître a tout de suite vu les opportunités offertes à notre cité. La compagnie mélargone était composée de l’ambassadeur Logart, son garde du corps Morgandilas, le duc Athalef de Tombella, le prince Lothar d’Elandyl et Mérildan maître des chevaux de Mélargis. Ces étrangers (particulièrement le sieur Mérildan) prônaient les bienfaits d’un livre sacré appelé les Justes Texte, mais c’étaient les richesses du Mélargonèze qui semblaient intéresser le Potentat. En tant que neveu du Consul, bras droit du Potentat, j’ai reçu la charge et privilège de représenter Porte Pène en Mélargonèze. J’ai toujours vivement ressenti l’appel du voyage mais mon oncle avait d’autres projets pour moi. Pour une fois ses projets rejoignaient les miens.

Une fois réquisitionné un navire (auprès d’un marchand félon qui a préféré la perte de son navire plutôt que l’estrapade), nous attendions le retour des étrangers (perdus dans le désert, semble-t-il) pour les suivre vers cette cité mythique. D’autres étrangers formant un groupe très étrange (un gnome, d’un groin et trois humains) étaient arrivés d’une cité encore plus lointaine, celle du Grand Savoir. Ils soutenaient d’étranges théories comme celle de l’existence des dragons et on en aurait fouetté pour moins que cela mais mon maître semblait les apprécier. Lorsque j’appris qu’ils devaient m’accompagner en Mélargonèze, je m’en vins trouver leur chef, un gnome nommé Gart, pour mettre les choses au point mais celui-ci m’assura que je resterais le chef de cette expédition et que le Potentat les avaient chargés d’une toute petite tâche à accomplir à Mélargis dans la plus grand discrétion. Je ne pouvais aller contre la volonté du Potentat mais m’interrogeais sur cette fameuse mission secrète. N’étais-ce pas moi qui étais chargé de repérer les forces et les faiblesses du Mélargonèze en vue d’une extension du domaine du Potentat. Gart était-il chargé d’une mission similaire ? Le Potentat ne me faisait-il pas confiance ? C’est l’esprit plein de doutes et d’appréhension que j’appris le retour les émissaires de Mélargis. Nous pouvions désormais nos lancer à l’aventure et voguer vers des terres inconnues.

Nos deux navires voyageaient de concert et les deux groupes d’étrangers on vite fraternisé échangeant des propos ésotériques concernant les soit disant Dragons. Je sus dès lors que j’avais affaire à deux bandes d’illuminés dont il faudrait se méfier.

Nous fîmes escale sur une petite île pour nous approvisionner et dûmes combattre d’étranges créatures légendaires appelées noyeuses, créatures cauchemardesques faites de débris d’épaves. Mes passagers semblent experts en maniement des armes. Elmar le guerrier et Grinch le groins se lancèrent avec rage dans la bataille accompagnés de Morgandilas et Lothar de l’autre navire. Les noyeuses furent réduites en pièces et tout rentra dans l’ordre. Artem et Grinch continuaient de poursuivre d’étranges halos lumineux mais refusèrent de m’en dire plus. Cet Artem est un personnage étrange et inquiétant qui tient souvent des propos morbides ; il convient de s’en méfier (plus que les autres).

Rien dans cette île ne me semblait très sain et j’avais hâte de lever l’ancre mais les deux compagnies décident de l’explorer. Ils en reviennent avec deux trouvailles étonnantes : une pyramide métallique et une carte au trésor d’un ancien pirate nommé Black Squirel. Le groupe des mélargons garde la pyramide et mes passagers la carte. Gart est très excité par cette découverte car cela fait longtemps qu’il tente de trouver sa trace et il semble très alléché par le trésor. Il peste d’avoir dû abandonner la pyramide servant de clef d’accès au trésor mais se console en dévoilant la ruse qui l’a amené à soustraire du bord de la carte les inscriptions précisant la localisation du trésor avant de la montrer aux Mélargons. Un moment je crains une mutinerie des mes hôtes prêts à abandonner notre mission pour courir les mers en quête du prétendu trésor mais heureusement Gart recommande la patience.

Le reste de notre voyage est sans histoire à part la brume très épaisse qui sévit dans cette partie de la mer éponyme et nous a donné de nombreuses sueurs froides. Mais le navire mélargon semble habitué à ce type de navigation et nous le suivons prudemment.

Enfin nous sortons des brumes et arrivons au port de Mélargis. C’est une cité gigantesque entourée de formidables murailles et dotée d’un majestueux palais aux tours élancées. Je sens que le Potentat sera déçu par mon rapport mais qu’importe car le frisson de la découverte l’emporte. Nous sommes accueillis comme des héros de retour au bercail et j’apprends vite que nos compagnons mélargons ont récemment réunifié le royaume en récupérant l’original du livre des Justes Textes, leur livre de la Loi en quelque sorte. Très vite nous sommes amenés au roi Bramor qui félicite les mélargons du succès de leur mission et fait preuve des plus grands égards vis-à-vis de mon ambassade. Tout ceci est de bon augure !

Le temps suit son cours et chaque jour je découvre de nouvelles merveilles : les splendeurs du palais, la vénération de l’in folio original des Justes textes, les joueurs de cordebuse, Jeunesse l’espiègle filleule du roi,  et même un âne savant !

Comme il me faudra quand même faire un rapport au Potentat, voici quelques notes.

Mélargis : murailles de 7m de haut, 200 archers

Le roi : Bramor IX

Le gourvement est confié aux têtes de chapitre (calqués sur les Justes Textes évidemment) :

Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où Gart m’annonce que sa mission est presque achevée et qu’il faut se tenir prêt à lever l’ancre à tout moment. Un mauvais pressentiment m’envahit qui se confirme lorsque la compagnie arrive emportant avec elle un inestimable in folio…


Morgandilas, héro déchu des Justes Textes

 

Le Grand Réveil approche : les Justes Textes ont disparu. Lorsque j’apprends que Logart est la dernière personne à être entrée dans le sanctuaire des Justes Textes, je décide mener ma propre enquête. Logart aussi a disparu mais je le retrouve ivre mort à la taverne du port ; il ne se souvient de rien et n’a pas le livre. Je soupçonne d’abord une excentricité draconique mais nous comprenons bien vite ce qu’il s’est passé : Artem a envoûté Logart pour le forcer à voler les Justes Texte. Le navire de Porte Pène a levé l’ancre cette nuit pour se perdre dans les brumes. La peste soit des Haut-Rêvants ; nous nous sommes bien fait avoir !

Le Roi est furieux et le peuple réclame un coupable. Peut-être est-ce le moment de s’éclipser. Une image fantomatique apparaît dans la salle du conseil : c’est Gart qui nous contacte pour nous annoncer ses exigences : 777 pièces d’or et une certaine pyramide de métal Narth en échange des Justes Textes. Le Roi n’entend pas céder à la menace et nous offre une chance de nous racheter : nous tenterons un coup de main sur l’île de Black Squirel, lieu de rendez-vous pour l’échange. En attendant notre retour nos épouses restent les ‘invitées’ du palais. Gart va devoir nous rendre des comptes, et la facture sera salée !


Gart, apprenti maître chanteur

 

Les Mélargons ne veulent pas payer. Je m’en doutais mais le risque valait d’entre couru. Ils nous ont attaqué par surprise sous couvert d’invisibilité. Ce Logart, sous ses faux airs de sorcier de village, est plus fort que je ne le pensais. Ils ont capturé Grinch mais ont soigné ses blessures. Ils proposent un échange : Grinch contre le livre. J’ai vainement cherché quelque signe draconique dans ce vieux grimoire mais ce n’est qu’un recueil d’inepties. Aussi notre seule perte est la clé pyramidale du trésor de Black Squirel mais peut-être pourrons-nous nous en passer. Je ne suis pas très enclin à massacrer ce groupe de voyageurs que je commence à apprécier à sa juste valeur. Peut-être aurais-je dû les associer à mon plan mais je doute que ce fanatique de Mérildan eût accepté. Enfin l’échange a lieu. Je déchire quelques pages des Justes Textes pour leur montrer qu’ils n’ont pas intérêt à me doubler mais tout se passe bien. Encore un plan qui ne se déroule pas sans accrocs me reproche Artem mais je me réjouis d’avoir limité la casse. Et maintenant, en route pour la chasse au trésor de Black Squirel !